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R&D

Chercheur : Que fais-tu ?

La Foire aux Questions de la recherche

Acte I : Dans la peau d’un chercheur !

Vous le savez sans doute déjà, le “R” composant l’acronyme R&D signifie “Recherche”. 

Qui donc ne s’est jamais représenté le chercheur et la chercheuse comme étant un homme à la barbe blanche et une femme portant des lunettes, tous deux vêtus de blouses blanches, manipulant un tube à essai à la substance douteuse ? 

Crédit : depositphotos.com

Bien que stéréotypée, cette image n’est pas complètement fausse. Elle représente cependant une infime partie des domaines composant la recherche, à savoir, de temps en temps la chimie. Qu’en est-il alors des autres ? Qui sont ces chercheurs travaillant dans le domaine de l’anthropologie, de l’économie…? Que font-ils et comment procèdent-ils ?

Finalement, qu’est-ce qu’une recherche ? 

Vous êtes nombreux.ses à vous poser ces questions ! Et puisque le partage du Savoir avec un grand S nous tient à cœur, on a décidé d’y répondre en recueillant les plus récurrentes.  

Et comme ça va être long (mais vraiment intéressant !), on a prévu cet article en deux actes, comme au théâtre. Le premier nous permettra de nous mettre dans la peau d’un chercheur (enfilez votre blouse et allez chercher votre microscope !). Le second acte nous emmènera cette fois-ci dans sa tête ! Ne le manquez pas 😉

Allez hop, c’est parti, montez à bord de la grande Foire Aux Questions de la Recherche !

« Rien n’est aussi pratique qu’une bonne théorie »

Lewin (1951, p. 169)

Qu’est-ce qu’une recherche ?

Une recherche scientifique est un ensemble d’étapes dont la succession et l’élaboration obéissent à une démarche rigoureuse, des règles strictes, clairement établies et reconnues pour déboucher sur des connaissances fiables et valides. C’est le savoir issu du suivi de ces étapes que l’on appelle “savoir scientifique”.

Une recherche porte toujours sur un sujet. C’est alors “l’objet” de la recherche. Ce dernier peut être : 

  • Humain : en médecine, psychologie, sociologie…
  • Animal : en zoologie, biologie animale, éthologie…
  • Plantaire : attention, on parle ici des plantes et non des pieds ! 
  • Céleste : pour étudier les événements se déroulant hors du globe terrestre, comme l’astronomie stellaire (et, dans un autre monde, la Guerre des Étoiles)

« Si la barbe donnait la science, les chèvres seraient toutes docteurs »

Proverbe français

Que cherche-t-on ?

Lorsque l’on cherche, on se propose de : 

Pourquoi cherche-t-on ?

En faisant une recherche scientifique :

  • On cherche à connaître/découvrir quelque chose pour enrichir les connaissances existantes ou pour acquérir de nouvelles connaissances (par exemple, les recherches sur les oiseaux du paradis)
  • On cherche à connaître un sujet pour mieux le comprendre (par exemple, les recherches sur l’Egypte ancienne)
  • On cherche à comprendre quelque chose pour savoir comment agir dessus (par exemple, les recherches sur la COVID-19)

Et pourquoi ne cherchons-nous pas ?

La principale raison pour laquelle la recherche peut être interdite est d’ordre éthique, c’est-à-dire à partir du moment où elle met en danger (physique ou morale) son objet de recherche. Par exemple, et vous vous en doutez, il est formellement interdit de brûler un être humain dans le but de mesurer les capacités de sa peau à se régénérer. En France, la loi relative aux recherches nommée Jardé (loi n°2012-300 du 05 mars 2012) protège la personne humaine.

Ça veut dire quoi “faire une recherche” au Social Bar ? 

Au sein du pôle R&D du Social Bar, la recherche est une pratique ouverte à toutes et à tous. Que l’on soit chercheur.euse ou non, on a la possibilité de donner son avis, et même de définir les objets de recherche ! 

L’École de la Convivialité en a par exemple dégagé un : elle souhaite connaître les comportements non-verbaux témoignant d’une posture ouverte à la communication. En voilà un sujet qui mériterait un éclairage scientifique et un article pour vous sur ce site !

Source : radiogrenouille.com

Et la suite ???

Le premier acte de cet article touche à sa fin. Ainsi, être “dans la peau d’un chercheur”, c’est faire face à des règles strictes, des limites de faisabilité de recherche et des limites parfois éthiques, mais également à un nombre incalculable d’objets de recherche tous plus passionnants les uns que les autres ! 

Passé cette enveloppe qu’est “la peau du chercheur”, on entre dans sa tête… Que s’y passe-t-il alors ?

Acte 2 en ligne bientôt !

réunion d'observation du Pôle R&D

Convivialiser la Défense : dans les coulisses d’une enquête terrain

Un bon scientifique est un détective sur la piste de la nature.

John Darnton dans La conspiration de Darwin (2005)

Commençons par les présentations : nous sommes Clara et Asham, les tout premiers stagiaires du pôle Recherche et Développement ! Et oui, rien que ça ! Nous sommes les bras droits de Pauline (responsable du pôle) et Sofiene (chercheur). Sherlock Holmes, c’est eux ! John Watson, c’est nous ! Nous avons pour mission de t’emmener avec nous dans l’une de nos enquêtes R&D. 

Enfile ta casquette de détective et incruste-toi parmi nous le temps de cette lecture.

Entrons maintenant dans le vif du sujet. Il nous faut trouver une enquête. Par où commencer ? Il y a tant de pistes que nous pourrions suivre au Social Bar

*Le téléphone vibre* nous avons reçu un message vocal : « Allo le pôle R&D ? Ici le pôle Communication ! Nous aimerions promouvoir les activités du Social Bar, notamment nos animations destinées aux entreprises. Pour ce faire, nous avons proposé aux apprenants de l’école de la convivialité d’organiser une animation le temps d’une matinée sur l’esplanade de La Défense. Il y aura même le marché de Noël !  Leur objectif sera de convivialiser l’espace public, créer du lien, des sourires et donner de la visibilité au Social Bar. Joignez-vous à nous !”

Cette proposition tombe à point ! Ce sera l’occasion pour nous d’observer leurs activités et leur organisation. Nous pourrons ensuite leur faire un retour sur ce que nous aurons vu d’intéressant (pour notre œil scientifique, on s’entend).

L’observation, point de départ de notre aventure

Qu’est-ce qu’une observation dans un cadre scientifique ? En observant, nous cherchons à comprendre, à analyser et à organiser des faits mesurables dans le temps et dans l’espace. Nous nous basons sur ce qui est fait (comportement manifeste) et non sur ce qui nous est dit (comportement déclaratif).


Quelle position doit prendre l’observateur ? Nous avons ici opté pour une “posture non participante”, c’est-à-dire que nous devons rester en retrait et ne pas nous impliquer dans les activités organisées. Nous ne devons pas interférer, c’est-à-dire, ne pas participer et ne pas échanger avec les apprenants pendants leurs différents jeux. Nous sommes comme des petits fantômes. Mais pas n’importe lesquels : des fantômes détectives s’il vous plaît !

J-1 : Avant toute chose, nous devons élaborer une grille d’observation. Cette dernière va nous permettre de catégoriser des comportements manifestes et d’en faire ensuite une analyse qualitative. Nous savons que nous allons observer les apprenants de l’école de la convivialité dans un espace public. Ils vont se disperser en petits groupes pour animer tout un tas d’activités diverses. Nous allons ainsi observer une large palette de comportements. La grille de départ regroupe des catégories assez larges. Jour J : La Défense nous voilà ! L’observation commence sur le chemin, dès l’entrée dans le métro. Nous sommes alors confrontés aux joies des transports en commun : panne d’exploitation sur la Ligne 1 et quais bondés sur le RER A. Être tous collés comme des sardines n’a pas empêché les apprenants de faire un super travail !

Plus on est de fous, plus on rit !


Quelques blind tests et quelques blagues pourries plus tard, nous voilà arrivés à destination. Le froid du mois de décembre a eu raison de nos petits doigts. Impossible de prendre des notes sur notre belle grille d’observation. Les aléas du terrain ! A chaque problème sa solution : nous avons notre grille en tête et prenons des notes de temps à autre. Nous prenons un grand plaisir à voir les apprenants s’amuser. Leurs actions mettent un peu de gaieté parmi les passants pressés et quelques mines fatiguées s’illuminent en sourires.  Mission convivialité réussie !

J+ : Nous pouvons à présent remplir posément notre grille d’observation, bien au chaud cette fois-ci avec un bon café ou une bonne tasse de thé. L’équipe R&D s’est mise d’accord pour faire quelques modifications sur la grille d’observation. Nous ajoutons des cases plus pertinentes et en lien avec ce que nous avons vu. Nous la complétons dans un premier temps chacun de notre côté. Une mise en commun est ensuite réalisée. Cette dernière fait l’objet d’une réunion lors de laquelle nous exposons les faits pour en tirer des problématiques. Nous cherchons à comprendre comment sont mises en place les activités proposées par les apprenants et comment elles fonctionnent. Plusieurs choses nous interpellent, notamment la notion de “récompense”.

Je donne un pain au chocolat à la personne la plus en retard !

Un chifoumi contre un pain au chocolat !

Echanger, animer et réfléchir

En fait, il y avait un point assez flou dans l’enquête qui nous a été confiée… Nous avions l’impression que les récompenses, que ce soit des Carambars, des pains au chocolat ou juste un sourire ou un “passez une agréable journée !”, étaient distribués aléatoirement au public sans organisation claire.

Pour résoudre ce mystère, nous n’avons pas fait appel à Scooby-Doo (on aurait quand même bien aimé), mais bel et bien aux Avengers de l’animation et de la convivialité :  les fameux apprenants de l’école de la convivialité eux-mêmes. On le sait, ceux qui peuvent le mieux parler du terrain, ce sont ceux qui y sont. Nous décidons de les réunir pour discuter ensemble de ce mystère; leur expertise nous aidera dans la résolution de notre enquête. Sauf qu’avant d’obtenir des réponses, il faut d’abord poser des questions.

Ca parait simple, et pourtant, il existe des techniques à respecter, pour que ces questions apportent des réponses utiles. C’est là qu’intervient Sofiene, le grand expert de l’animation de discussions collectives. Avec son aide nous avons construit une trame structurée pour mener les échanges.

Et cette préparation a porté ses fruits ! Lors de l’animation, stylo à la main, prêts à gratter les tableaux improvisés pour le brainstorming (qui étaient de simples feuilles de papiers accrochées tant bien que mal aux murs), les idées fusaient dans tous les sens. Qu’est-ce qu’une récompense ? À quoi ont servi les pains au chocolat distribués aux aimables personnes qui ont participé au blind test sur le quai du RER A ? À quelle condition ?

Ça m’a ouvert les yeux ! C’était des questions que je m’étais jamais posées.”

Tant de questions qui ont trouvé une réponse grâce à la dynamique promotion des apprenants. La discussion a été très productive et ils ont été très enjoués à l’idée de marcher main dans la main avec le pôle Recherche et Développement pour mener ensemble cette enquête.

Comme tout bon enquêteur, il nous faut du temps pour traiter ces informations le plus pertinemment possible. Cependant, l’échange est loin d’avoir été vain : ressortent de notre discussion des pistes de réflexion que nous sommes actuellement en train de creuser.

Et oui, ça prend du temps de résoudre des mystères. Mais savoir désormais que pour les apprenants, la récompense est synonyme de motivation et de surprise, qu’elle est généralement donnée suite à une participation de quelconque forme, ou encore qu’elle est une forme matérielle de convivialité, sont des données clés qui ont énormément fait avancer la réflexion au sein du très renommé pôle R&D.

Le mot de la fin !

Pour conclure : nous comptons désormais systématiser cette méthode à chaque événement car elle semble parfaitement correspondre aux objectifs et à l’état d’esprit du pôle R&D (recherche et délire).

Préparez-vous à bientôt voir de nouveaux comptes rendus de valorisations comme celui-ci ! A la prochaine pour un autre article !

Clara Maillard, assistante de Recherche et Développement
Asham Malik, assistant de Recherche et Développement

La Recherche & Développement, ou comment redonner du sens au vivre ensemble 

Entretien avec Renaud Seligmann, co-fondateur et PDG du Social Bar

Dans cet entretien, Renaud Seligmann, co-fondateur et PDG du Social Bar, revient sur l’aventure R&D. Des prémices aux futures perspectives, découvrez ce qui motive un entrepreneur à mobiliser les sciences humaines et sociales dans sa démarche.

Peux-tu nous rappeler brièvement l’histoire du Social Bar ? Comment en êtes-vous arrivé à proposer une démarche R&D ?

Renaud : Quand nous avons lancé le Social Bar, en 2016, nous avons procédé de manière totalement empirique. L’intuition de départ était simple : les gens ont envie de se rencontrer, de se retrouver, de créer du lien mais il y a des choses qui les bloquent. Le lien ne se tisse pas naturellement. Comment faire pour lever ces barrières ?

Nous étions persuadés qu’il y avait une manière d’y parvenir. Nous avions quelques idées en tête quand nous avons démarré, que nous pouvons aujourd’hui identifier comme des nudges (ndlr : notion issue de l’économie comportementale, qui peut se traduire par « coup de pouce » ; il s’agit d’une incitation douce, individuelle ou collective, à transformer des comportements) comme le « Social dé ».

On a inventé quelque chose dont on ne savait même pas ce que c’était au démarrage puisque l’intention initiale était de s’amuser. On s’est évidemment aperçu en le faisant que ça avait des implications et un impact qui allaient bien au-delà. De faire passer un bon moment à des personnes, on est allé vers tisser du lien social qui est une démarche plus durable puis à ce qui est maintenant un des cœurs de notre activité, créer une compétence en redonnant goût à l’exercice d’un métier.  Et cela, bien au-delà de nos bars puisque nous collaborons aujourd’hui avec des Ehpad, des hypermarchés, des gares, etc. On voit bien se dessiner une ramification qui nécessite absolument que l’on comprenne ce que l’on fait ; et pour cela on a besoin de chercheurs en SHS (Sciences Humaines et Sociales), d’aller puiser dans l’état de l’art, les connaissances et les protocoles de recherche pour pouvoir mettre un peu de théorie et d’hypothèses sur l’empirisme qui est le nôtre.

Ce qui est compliqué c’est de briser la glace la première fois. Un fois cette étape franchie, c’est beaucoup plus facile.

Etait-ce une volonté d’apporter une caution scientifique à la démarche ?

Renaud : Exactement. Pour comprendre ce qui se passe de manière scientifique, il nous fallait un cadre. C’est là qu’on a eu l’idée de créer ce pôle de Recherche et Développement. David (ndlr Rivoire, co-fondateur du SB) l’avait déjà fait aux 2 Rives, il avait vu l’impact de la R&D.

Il y a un autre point de départ qui est lié au statut d’Esus du Social Bar, celui de l’impact et de la mesure de l’impact. C’est quelque chose qui fait de plus en plus de bruit mais il y a pour nous un risque d’une petite dérive car cela reste très court-termiste et très quantitatif. Nous avons une vraie croyance – et c’est comme cela que nous le faisons  au Hameau – c’est qu’un des rôles des Esus est de pouvoir insuffler une transformation sectorielle. Pour cela il faut absolument avoir une vision moyen/long terme qui nécessite de la recherche et développement pour anticiper cette évolution et lever un peu le nez du guidon de cet impact trop court terme.

Recherche et Développement riment donc avec innovation ?

Renaud : oui ! D’abord parce que nous avons eu la confirmation que notre terrain, celui de la convivialité et des liens sociaux, était un vrai champ de recherche qui n’avait jamais été investigué. Il cochait tous les critères attendus par le label Jeune Entreprise Innovante (JEI) que nous avons obtenu en 2020. Ce label est par ailleurs très peu développé dans l’innovation sociale ce qui est très dommageable quand on voit que c’est possible et ce que cela apporte (ndrl comme le travail mené par l’agence Ether). Il y a d’ailleurs de plus en plus d’acteurs qui commencent à réfléchir sur de nouveaux indicateurs du lien social avec lesquels nous essayons de collaborer comme le Laboratoire de la Fraternité, la Fabrique du Nous, la République des Hyper Voisins, etc.

Pour nous en interne, même si cela n’était pas l’objectif de départ, on s’est rendu compte que cela apportait une forme de crédibilité. Car lorsque l’on propose des chifoumis géants à des entreprises peut-être que leur première intuition c’est que l’on est des gens sympas et très drôles mais pas forcément sérieux. Et quand ils voient que l’on a un pôle R&D, que l’on est une JEI, tout de suite cela change leur regard. Et cela ouvre la voie à des réflexions communes.

Quand on parle innovation et R&D, l’écosystème de la recherche entend beaucoup innovation technologique, informatique, industrielle. Il y a très peu de place pour les SHS. Un des points de notre pôle R&D c’est aussi de démontrer que l’innovation sociale est fondamentale.

Ajoutons aussi que l’innovation s’inscrit dans la démarche fédératrice de notre pôle. Faire se rencontrer les acteurs de l’innovation sociale, du lien, etc. autour d’événements comme notre CAHCHA, Colloque à haute chaleur humaine ajoutée. Nous ne sommes pas les seuls à porter ces sujets comme déjà évoqué. C’est aussi un de nos rêves que de fédérer un réseau d’acteurs qui recherchent la même chose que nous.

Les sujets de réflexions de la R&D ?

Renaud : Très vite on a vu se dessiner trois axes de réflexion.

La première réflexion c’est de vérifier que le Social Bar a une réelle action sur la convivialité. C’est notre raison d’être, donc nous voulons mesurer notre impact sur la convivialité et sur les liens faibles. Aujourd’hui il n’existe pas d’indicateur de convivialité – ni dans des bars ni dans des entreprises. Comment les interactions peu engageantes peuvent être une condition à la création de liens plus profonds ? Qu’apportent aux gens ces petites interactions ? Est-ce qu’elles redonnent confiance en l’Autre ? Est-ce qu’elles apportent un peu de bien-être ? Un petit moment de plaisir ?

La deuxième réflexion est de comprendre concrètement ce qui fait que des gens s’engagent dans une interaction ou ne s’engagent pas. Parce que l’on teste plein de choses, on a plein de recettes, mais on ne sait pas exactement à l’intérieur de cette recette quels sont les ingrédients qui marchent. Est-ce le fait de dire à quelqu’un lorsqu’il arrive qu’il a le droit de parler à des inconnus ? Est-ce la présence des brise-glaces tout au long de la soirée ou le fait qu’il y ait un chifoumi géant ?

Le troisième champ de recherche interroge le métier d’agent de convivialité et sa formation. Quand on a commencé on ne savait pas quelles étaient les compétences nécessaires pour être agent, celles qui s’apprennent ou non, ni même le type de compétences que cela développait. Notre ambition ce n’est pas de limiter les agents de convivialité à nos bars, mais bel et bien d’en faire un métier à part entière.

L’espoir derrière cela est que les enseignements pour le Social Bar soient des enseignements partagés. Il y a aussi un objectif d’open sourcer tout ce que l’on apprend pour quiconque voudra en faire bon usage. Par exemple, la réflexion sur nos dispositifs de convivialité s’intéresse entre autres à la notion d’engagement.

Si l’on trouve des recettes pour que les gens s’engagent à interagir avec d’autres cela peut être utilisé dans plein de contextes différents de manière très vertueuse (dans le domaine de la solidarité par exemple).

Comment le pôle R&D s’intègre concrètement dans la vie de l’entreprise ?

On avait envie que ce pôle R&D ne soit pas isolé dans l’entreprise. Ce qui peut arriver malheureusement. On a donc fait en sorte que nos chercheurs ne soient pas dans une tour d’ivoire et que cela puisse infuser au quotidien et que ça nous serve au quotidien. Ils sont par exemple impliqués dans le développement de l’offre de formation de notre Ecole de la convivialité, participent à la vie de chaque pôle.

La R&D permet de s’adresser à des chercheurs qui apportent un regard extérieur. Nous sommes très portés sur la recherche action ; ce qui est intéressant c’est l’aller-retour permanent entre le terrain, la vision stratégique des dirigeants et les chercheurs. Cette forme de rotation est extrêmement riche. L’ensemble des équipes du Social Bar sont impliquées dans la démarche R&D, de différentes manières : elles font remonter des données, les problèmes auxquels ils sont confrontés et que la R&D peut aider à résoudre, elles apportent leur regard d’experts sur certains sujets. Bref c’est un travail collaboratif qui nécessite de construire des outils et des modalités de fonctionnement communs.

Quels sont les objectifs R&D pour cette année ?

Nous avons pour objectif cette année de créer une vraie culture de la convivialité en entreprise car il est clair que c’est un facteur d’engagement. Pour cela il est nécessaire de créer des indicateurs spécifiques. Aucun indicateur de convivialité en entreprise n’existe par exemple, ni même de l’impact de cette convivialité et pourtant pour beaucoup de sociétés la convivialité est devenue une valeur clé.

Si l’on veut faire un réel travail de plaidoyer, de conviction auprès des acteurs publics, auprès des grandes entreprises, bref de tous ceux qui sont en capacité d’engager un changement systémique, on est obligé de leur prouver l’impact de la convivialité. Et pour cela il faut des indicateurs adaptés, pertinents et scientifiquement éprouvés. C’est aussi cela l’intérêt de notre pôle R&D : convaincre des acteurs qui temps qu’ils n’auront pas des chiffres devant les yeux ne se décideront pas à agir.

On entend de plus en plus de penseurs du futur nous alerter sur le fait que l’on va vers un monde avec de moins en moins de ressources, beaucoup disent que ce n’est pas ça le plus grave, le plus grave c’est d’aller vers ce monde-là avec des attitudes très individualistes et que c’est cela qui va créer des difficultés. Le lien social qui se distend, qui disparait. Comment redonner du sens au vivre ensemble ? C’est sans doute l’objectif numéro un de notre pôle R&D.

Pauline Vessely
Sociologue
Responsable du pôle R&D


Retour sur le 1er colloque à Haute chaleur humaine ajoutée, le CAHCHA

Le 24 mai 2022, s’est tenu au Social Bar le premier colloque mondial (rien que ça !) à Haute chaleur humaine ajoutée, le CAHCHA. Le but ? Faire dialoguer acteurs socio-économiques et chercheur∙es en sciences humaines et sociales autour de la convivialité. En mettant notamment l’accent sur les notions de sociabilités et de liens faibles, le colloque a apporté un éclairage nouveau en s’appuyant sur des approches de terrains variés mêlant interventions de chercheur∙es, d’entrepreneur∙ses sociaux et d’associations, dans un format décontracté, festif, bref…. CONVIVIAL.

L’objectif était également de fédérer un réseau autour de ces thématiques qui prennent une importance prépondérante aujourd’hui.

Durant cette journée, nous avons notamment parlé de :

#1 Convivialité, entreprises et politiques publiques

#2 Convivialité, lien social et individualité

#3 Convivialité, lien social et Internet

#4 Jeu, recherche SHS et liens sociaux

#5 Lien social et engagement

En résumé, ce premier CAHCHA a été un espace de rencontres, d’échanges de savoirs, mais aussi – et surtout – d’amusement, pour participer à la construction de la société de demain !

On vous a préparé une petite synthèse de cette journée avec tous les liens vers les captations vidéo intégrales de chaque session; elles sont faites maison, alors on n’est pas à l’abri d’un passage de tête devant la caméra, mais ça vous donnera encore plus l’impression d’avoir été parmi nous pour ce grand jour de la R&D du Social Bar !!

Pauline Vessely
Sociologue
Responsable du pôle R&D